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«Vous vous rappelez peut-être certains maîtres en avarice déjà peints dans quelques Scènes antérieures ? D'abord, l'avare de province, le père Grandet de Saumur, avare comme le tigre est cruel; puis Gobseck l'escompteur, le jésuite de l'or, n'en savourant que la puissance et dégustant les larmes du malheur, à savoir quel est leur cru; puis le baron de Nucingen élevant les fraudes de l'argent à la hauteur de la Politique. Enfin, vous avez sans doute souvenir de ce portrait de la Parcimonie domestique, le vieil Hochon d'Issoudun, et de cet autre avare par esprit de famille, le petit Baudraye de Sancerre! Eh bien, les sentiments humains, et surtout l'avarice, ont des nuances si diverses dans les divers milieux de l'amphithéâtre des Etudes de Moeurs; il restait Rigou! l'avare égoïste, c'est-à-dire plein de tendresse pour ses jouissances, sec et froid pour autrui, enfin l'avarice ecclésiastique, le moine demeuré moine pour exprimer le jus du citron appelé le bien-vivre, et devenu séculier pour happer la monnaie publique. »

Honoré de Balzac

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