Louis Lambert (1832)

La Comédie Humaine : Études philosophiques : 19/20

Période décrite : 1812 - 1824 +

Thèmes abordés : Métaphysique Amour-Passion

264 pages dans le tome 11 de l'édition de la Pléiade (lire l'édition de poche)

À quatorze ans, en 1811, enfant sublime et « vrai voyant », Louis Lambert rencontre Mme de Staël qui, frappée par son intelligence, le fait entrer à ses frais au collège de Vendôme. Soumis à la férule des Oratoriens, brimé dans sa quête spirituelle et sa fièvre de lecture, il y passe, malgré l'amitié du narrateur, trois années douloureuses. Ses expériences de pressentiments et de seconde vue le poussent à rédiger un Traité de la volonté. Fin 1819, dans une lettre à son oncle, il confesse les réflexions critiques que lui ont inspirées trois ans de séjour à Paris. Revenu à Blois, il s'éprend de Pauline Salomon de Villenoix à laquelle il adresse des lettres passionnées qui consacrent leur mutuel amour. Lorsqu'en 1823 le narrateur le retrouve, tombé en catalepsie à la veille de son mariage, il est jugé fou par tous, sauf par Pauline qui consigne les idées qui lui échappent. Louis meurt le 25 septembre 1825.

3.0/5 Jugé passionnant ou abscons, «Louis Lambert» fascine ou repousse. On le juge, malgré l'irréductible ambivalence du texte sur ces questions, spirirualiste (Philippe Bertault, Henri Gauthier) ou matérialiste (Pierre Barbéris), à moins qu'on y cherche un matériau biographique et le récit des souffrances de l'enfant Honoré, qu'il partage avec «Le Lys dans la vallée».

Lieux principalement mentionnés (détails) : Blois ; Paris ; Rome


On peut y lire (+):

  • page 662 Il est dans la destinée de l'homme de s'offrir à celle qui le fait croire au bonheur.
  • page 677 Plus large est le génie, plus tranchées sont les bizarreries qui constituent les divers degrés d'originalité.
  • page 642 La gloire [...] est l'égoïsme divinisé.
  • page 651 Les hommes assez forts pour monter jusqu'à la ligne où ils peuvent jouir du coup d'oeil des mondes, ne doivent pas regarder à leurs pieds.
  • page 651 La politique est [...] une science sans principes arrêtés, sans fixité possible; elle est le génie du moment, l'application constante de la force, suivant la nécessité du jour.
  • page 656 L'homme n'a jamais eu qu'une religion. Le Sivaïsme, le Vichnouvisme et le Brahmaïsme, les trois premiers cultes humains, nés au Thibet, da la vallée de l'Indus et sur les vastes plaines du Gange, ont fini, quelques mille ans avant Jésus-Christ, leurs guerres, par l'adoption de la Trimourti hindoue. La Trimourti, c'est notre Trinité. De ce dogme sortent, en Perse, le Magisme; en Egypte, les religions africaines et le Mosaïsme; puis le Cabirisme et le Polythéisme gréco-romain. Pendant que ces irradiations de la Trimourti adaptent les mythes de l'Asie aux imaginations de chaque pays où elles arrivent conduites par des sages que les hommes transforment en demi-dieux, Mithra, Bacchus, Hermès, Hercule, etc., Bouddha, le célèbre réformateur des trois religions primitives, s'élève dans l'Inde et y fond son Eglise, qui compte encore aujourd'hui deux cents millions de fidèles de plus que le Christianisme, et où sont venues se tremper les vastes volontés de Christ et de Confucius. Le Chrstianisme lève sa bannière. Plus tard, Mahomet fond le Mosaïsme et le Christianisme, la Bible et l'Evangile en un livre, le Coran où il les approprie au génie des Arabes.
  • page 657 Des trente-trois années de Jésus, il n'en est que neuf de connues; sa vie silencieuse a préparé sa vie glorieuse.
  • page 615 Toute science humaine repose sur la déduction, qui est une vision lente par laquelle on descend de la cause à l'effet, par laquelle on remonte de l'effet à la cause.