La Comédie Humaine : Études de moeurs : Scènes de la vie de campagne : 1/4 Période décrite : 1823 + Thèmes abordés : Economie-Marxisme 501 pages dans le tome 9 de l'édition de la Pléiade (lire l'édition de poche)
| Le château des Aigues, qui a appartenu à une ex-cantatrice, Mlle Laguerre, a été acheté par le général comte de Montcornet; la belle comtesse y a invité son amant, l'écrivain Blondet, et y accueille souvent son curé, l'abbé Brossette. Aux portes du domaine, le Grand-I-Vert, cabaret tenu par les Tonsard, est le rendez-vous des paysans, qui dévastent et pillent les bois et les champs de Montcornet. Mais les véritables ennemis des Aigues ne viennent pas dans ce repaire de malfaiteurs; car il y a une conspiration contre les Aigues, qui, par le jeu des alliances familiales et des intérêts financiers, étend son pouvoir sur toute la région. Le commerce, la justice, la police, l'administration y dépendent de trois hommes : dans le bourg de Blangy, Rigou, «l'usurier des campagnes»; à Soulanges, chef-lieu d'arrondissement, la mairesse, Mme Soudry, et accessoirement son mari; enfin, à la sous-préfecture de la Ville-Aux-Fayes, le maire Gaubertin, ancien régisseur véreux des Aigues. Contre ces adversaires, d\'autant plus puissants que les plus puissants sont cachés sous le masque de la respectabilité, Montcornet tentera de lutter, mal conseillé par son fourbe intendant, Sibilet. Son fidèle garde Michaud est assassiné par les paysans. Montcornet vend les Aigues, le «triumvirat» les achète, rase le château, et morcelle le domaine. On y retrouve : marquis de Ronquerolles, Raoul Nathan, comte Clément Chardin des Lupeaulx, Sophie Grignoult (dite Florine), baron Frédéric de Nucingen, Félix Grandet, Jean-Esther van Gobseck, Diane de Maufrigneuse, comte François Keller, comte Henri de Marsay, Alexandre Crottat Lieux principalement mentionnés (détails) : Paris ; Auxerre ; Cerneux
On peut y lire (+):
- page 138 La prudence humaine consiste à ne jamais menacer, à faire sans dire, à favoriser la retraite de son ennemi en ne marchant pas, selon le proverbe, sur la queue du serpent, et à se garder comme d'un meurtre de blesser l'amour-propre de plus petit que soi.
- page 138 Le Fait, quelque dommageable qu'il soit aux intérêts, se pardonne à la longue, il s'explique de mille manières; mais l'amour-propre, qui saigne toujours du coup qu'il a reçu, ne pardonne jamais à l'Idée.
- page 266 Les rentes les plus solides ne sont pas les rentes sur l'Etat, mais celles qu'on se fait en amour-propre.
- page 71 Chez l'homme, le Beau n'est qu'une flatteuse exception, une chimère à laquelle il s'efforce de croire.
- page 317 Les gens de la campagne appliquent le mot de noce à toutes les réjouissances. Boire, se quereller, se battre, manger et rentrer ivre et malade, c'est faire la noce.
- page 237 Vous vous rappelez peut-être certains maîtres en avarice déjà peints dans quelques Scènes antérieures ? D'abord, l'avare de province, le père Grandet de Saumur, avare comme le tigre est cruel; puis Gobseck l'escompteur, le jésuite de l'or, n'en savourant que la puissance et dégustant les larmes du malheur, à savoir quel est leur cru; puis le baron de Nucingen élevant les fraudes de l'argent à la hauteur de la Politique. Enfin, vous avez sans doute souvenir de ce portrait de la Parcimonie domestique, le vieil Hochon d'Issoudun, et de cet autre avare par esprit de famille, le petit Baudraye de Sancerre! Eh bien, les sentiments humains, et surtout l'avarice, ont des nuances si diverses dans les divers milieux de l'amphithéâtre des Etudes de Moeurs; il restait Rigou! l'avare égoïste, c'est-à-dire plein de tendresse pour ses jouissances, sec et froid pour autrui, enfin l'avarice ecclésiastique, le moine demeuré moine pour exprimer le jus du citron appelé le bien-vivre, et devenu séculier pour happer la monnaie publique.
- page 193 C'est toujours quand les femmes ont quelque pensée importante qu'elles disent hypocritement : Je n'ai rien.
- page 236 Jamais la police n'aura d'espions comparables à ceux qui se mettent au service de la Haine.
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