La Maison Nucingen (1838)

La Comédie Humaine : Études de moeurs : Scènes de la vie parisienne : 2/14

Période décrite : 1826 +

Thèmes abordés : Politique-Corruption Economie-Faillites

136 pages dans le tome 6 de l'édition de la Pléiade (lire l'édition de poche)

En 1836, de l'autre côté de la cloison d'un célèbre restaurant parisien, un homme surprend la conversation de quatre journalistes échauffés par un bon repas, Finot, Blondet, Couture et Bixiou. Ceux-ci commentent l'étonnante réussite de Rastignac, qui a dû son succès à la Maison Nucingen, la fameuse banque parisienne. Pour avoir compris très tôt « que l'argent n'est une puissance que quand il est en quantités disproportionnées », Nucingen a choisi de stimuler des liquidations : il suspend ses paiements et propose à ses débiteurs des valeurs mortes, titres dont le prix répond au montant des créanciers quand leur valeur en Bourse est très inférieure ; le marché conclu, il reprend ses paiements. Au fil des années, Nucingen perfectionne encore la technique : il fait croire par des hommes crédibles, comme Rastignac donc, à l'imminence de sa liquidation pour décider les créanciers à échanger d'eux-mêmes leurs capitaux en valeurs mortes ; il se retrouve alors détenteur des investissements qu'on lui a abandonnés. Il parachève ensuite l'opération en rachetant à bon compte les actions artificiellement surestimées au moment où elles devaient sembler un investissement fiable. « Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites », conclut Blondet.

3.0/5 Récit de la haute finance vicieuse et triomphante, tout comme «César Birotteau» est le récit du commerce vertueux et vaincu, «La maison Nucingen» est certainement le texte le plus vénéneux de La Comédie humaine. Il faut relire plusieurs fois le texte pour parvenir à démêler les fils particulièrement enchevêtrés des actions et des discours. Il s'agit néanmoins d'un laminoir pour le capitalisme naissant.

On y retrouve : baron Frédéric de Nucingen, Jean-Jacques Bixiou, Eugène-Louis de Rastignac, Me Desroches, général marquis Victor d' Aiglemont, Charles Claparon, Jean-Frédéric Taillefer, comte Henri de Marsay, comte François Keller, comte Clément Chardin des Lupeaulx, Félix Grandet, Me Derville, Sophie Grignoult (dite Florine), Marguerite Turquet (dite Malaga), comtesse Hugret de Sérisy, Me Roguin, Jean-Joachim Goriot, Étienne Lousteau, Horace Bianchon, Béatrix-Maximilienne-Rose marquise de Rochefide, Cérizet, Anastasie (comtesse de) Restaud

Lieux principalement mentionnés (détails) : Paris ; Couture ; Lyon


On peut y lire (+):

  • page 369 L'argent n'est une puissance que quand il est en quantités disproportionnées.
  • page 373 En toute affaire, les bénéfices sont en proportion avec les risques !
  • page 374 Nous vivons à une époque d'avidité où l'on ne s'inquiète pas de la valeur de la chose, si l'on peut y gagner en la repassant au voisin ; et on la repasse au voisin parce que l'avidité de l'actionnaire qui croit à un gain est égale à celle du fondateur qui le lui propose !
  • page 363 Les égoïstes, ne voulant pas être génés, ne gênent personne, et n'embarrassent point la vie de ceux qui les entourent par les ronces du conseil, par les épines de la remontrance, ni par les taquinages de guêpe que se permettent les amitiés excessives qui veulent tout savoir, tout contrôler, ...
  • page 391 Les lois sont des toiles d'araignée à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites.
  • page 336 La passion qui ne se croit pas éternelle est hideuse.
  • page 363 La plus grande marque de stérilité spirituelle est l'entassement des faits.
  • page 354 La Nature n'a fait que des bêtes, nous devons les sots à l'Etat social.