Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1837)

La Comédie Humaine : Études de moeurs : Scènes de la vie parisienne : 1/14

Période décrite : 1819 - 1823 +

Thèmes abordés : Politique-Carrières Politique-Conspirations Economie-Faillites

439 pages dans le tome 6 de l'édition de la Pléiade (lire l'édition de poche)

Le récit s'ouvre, en décembre 1819, au faîte de la gloire du personnage éponyme, parfumeur et adjoint au maire du deuxième arrondissement de Paris ; il se clôt sur son décès. Il ne faut pourtant pas faire fi des tribulations de ce Christ de boutique, martyrisé sur la croix. Cette décoration inspire au futur Chevalier de la Légion d'honneur les dépenses somptuaires d'un bal et lui donne un vertige d'ambition qui l'amène à risquer toute sa fortune. Ruiné par Sarah Gobseck, le notaire Roguin flaire en Birotteau une dupe potentielle. Le notaire déchu entraîne son « ami » dans sa débâcle : il s'entremet auprès de lui dans une affaire de spéculation immobilière, s'empare de toutes les économies du parfumeur qui ne lui avait pas demandé de reçu, et fuit à l'étranger. Du Tillet, ancien employé de César congédié pour vol, et maintenant admis dans les hautes sphères de la Banque, est l'instigateur caché de cette escroquerie. Mû par un désir de vengeance, il achève de perdre Birotteau en sapant son crédit auprès des banques avec l'aide desquelles le parfumeur aurait pu se tirer de ce mauvais pas. Cependant César, soutenu par le dévouement de son oncle Pillerault, de sa femme, de sa fille, de son commis Popinot qui, aidé du génial vendeur qu'est Gaudissart, commercialise son huile céphalique, aidé enfin par les six mille francs qu'offre Louis XVIII à ce vieux et fidèle royaliste, rembourse tous ses créanciers, est réhabilité en 1823 et reprend sa Légion d'honneur. Mais terrassé par tant d'émotion, il meurt au jour de son triomphe. Cependant la probité de Birotteau est également l'agent de sa mort anticipée : il s'est tué à rembourser tous ses créanciers alors que ce n'est pas l'usage.

4.5/5 César Birotteau, c'est d'après Balzac la « bêtise de la vertu ». En raison même de sa conception et des conditions de sa rédaction, César Birotteau est un carrefour de rencontres pour bien des personnages de La Comédie humaine qui s'y retrouvent ou y préparent leur retour. Formidable, bien sûr !

On y retrouve : Me Roguin, Charles Claparon, Jean-Baptiste Molineux, Félix Gaudissart, comte François Keller, baron Frédéric de Nucingen, Alexandre Crottat, Me Derville, Jean-Esther van Gobseck, Camusot de Marville, comte Henri de Marsay, Me Cardot, Célestin Crevel, comte Maxime de Trailles, Horace Bianchon, Colleville, comte Clément Chardin des Lupeaulx, Sophie Grignoult (dite Florine), marquis de Ronquerolles, Émilie de Fontaine, général marquis Victor d' Aiglemont

Lieux principalement mentionnés (détails) : Paris ; Rue Saint-Honoré ; Sceaux


On peut y lire (+):

  • page 159 Pour être quelque chose de grand, il faut savoir commencer par n'être rien.
  • page 83 Chez un jeune homme de vingt ans, l'amour se repaît de dévouement.
  • page 244 L'argent ne connaît personne; il n'a pas d'oreilles, l'argent; il n'a pas de coeur, l'argent.
  • page 204 En commerce, l'occasion est tout.
  • page 65 En France, on ne rit que des choses et des hommes dont on s'occupe, et personne ne s'occupe de ce qui ne réussit point.
  • page 70 Une belle action fait accepter toutes les ignorances possibles.
  • page 54 Les événements ne sont jamais absolus, leurs résultats dépendent entièrement des individus : le malheur est un marche-pied pour le génie, une piscine pour le chrétien, un trésor pour l'homme habile, pour les faibles un abîme.
  • page 197 Une fois que dans le malheur un homme peut se faire un roman d'espérance par une suite de raisonnements plus ou moins justes avec lesquels il bourre son oreiller pour y reposer sa tête, il est souvent sauvé. Beaucoup de gens ont pris la confiance que donne l'illusion pour de l'énergie. Peut-être l'espoir est-il la moitié du courage.