Ferragus (1834)

La Comédie Humaine : Études de moeurs : Scènes de la vie parisienne : Histoire des Treize : 1/3

Période décrite : 1819 +

Thèmes abordés : Politique-Conspirations Amour-Enfants

170 pages dans le tome 5 de l'édition de la Pléiade (lire l'édition de poche)

Nous sommes en 1819. Auguste de Maulincour, jeune officier de cavalerie, se promenant dans un quartier mal famé de Paris, aperçoit au loin une jeune femme mariée dont il est amoureux et dont il espère faire la conquête. Elle rentre aussitôt dans une maison ignoble où elle reçoit l'« obséquieux salut d'une vieille portière ». Quel est le secret de Clémence Desmarets ? car il s'agit d'elle. La retrouvant le même soir chez Mme de Nucingen, Auguste révèle ce qu'il a vu, provoquant ainsi un démenti formel. L'officier espionne la maison suspecte, rencontre Ferragus qui laisse tomber une lettre où il est question de reproches à son adresse formulés par une jeune femme, Ida Gruget. Auguste monte chez Ferragus, et découvre une partie du secret : Clémence, épouse du riche agent de change, Jules Desmarets, est bel et bien chez cet être aux airs dangereux. Surviennent plusieurs accidents qui auraient pu coûter la vie à Auguste ainsi qu'une provocation en duel par le marquis de Ronquerolles, soupçonné d'agir sous les ordres de Ferragus. Lors d'un bal, ce dernier saisit Auguste par le bras et lui annonce qu'il doit mourir. Devant ces menaces le jeune homme révèle au mari les détails de l'histoire. Désormais le récit se fixe sur Jules Desmarets, sur l'ère du soupçon introduit dans un ménage jusqu'alors parfait. Jules surprend de petits mensonges, et conçoit pour la première fois des soupçons qui le font terriblement souffrir. Le reste de l'histoire retrace les diverses péripéties qui conduiront Jules à détruire sa femme adorée, car elle ne peut supporter l'idée d'une ombre de méfiance. La vérité se fera jour après sa mort seulement, mort qui se double de celle d'Auguste, d'Ida, de l'isolement de Jules et du déclin physique et moral de Ferragus.

3.5/5 Ferragus, chef des Dévorants est l'histoire de l'épouse aimante, innocente et pure qui succombe sous le poids des soupçons, plausibles mais erronés, d'un mari qui l'adore. Vif, animé, bien commencé, bien intrigué, ce roman exprime les souffrances intérieures de Mme Jules, l'héroïsme chrétien qui la rend résignée, avec un sentiment et une éloquence qui arrachent des larmes. C'est une des oeuvres les plus saisissantes et les plus morales de Balzac.

On y retrouve : Ferragus XXIII, marquis de Ronquerolles, baron Frédéric de Nucingen, comtesse Hugret de Sérisy, comte Henri de Marsay

Lieux principalement mentionnés (détails) : Rue de Ménars ; Rue de Richelieu ; Raucourt


On peut y lire (+):

  • page 892 Le Rapport est dans l'administration actuelle ce que sont les limbes dans le christianisme. [...] Depuis l'envahissement des affaires par le rapport, révolution administrative consommée en 1804, il ne s'était pas rencontré de ministre qui eût pris sur lui d'avoir une opinion, de décider la moindre chose, sans que cette opinion, cette chose eût été vannée, criblée, épluchée par les gâte-papier, les porte-grattoir et les sublimes intelligences de ses bureaux.
  • page 836 Soupçonner une femme est un crime en amour.
  • page 839 L'amour a le travail et la misère en horreur. Il aime mieux mourir que de vivoter.
  • page 802 Nous désirons d'autant plus violemment les choses qu'il nous est plus difficile de les avoir.
  • page 796 Mais qui peut se flatter d'être jamais compris ? Nous mourons tous inconnus. C'est le mot des femmes et celui des auteurs.
  • page 840 Une femme est toujours vieille et déplaisante à son mari, mais toujours pimpante, élégante et parée pour l'autre, pour le rival de tous les maris, pour le monde qui calomnie ou déchire toutes les femmes.
  • page 841 La femme qui aime a toute l'intelligence de son pouvoir; et plus elle est vertueuse, plus agissante est sa coquetterie.
  • page 826 Il ne faut toucher à son ennemi que pour lui abattre la tête.